mardi 1 juin 2010

Sans laisser de traces (de Grégoire Vigneron) sortie le 10 mars 2010 en France


Genre : Thriller, Drame

Avec Benoît Magimel, François-Xavier Demaison, Julie Gayet, Léa Seydoux, Jean-Marie Winling

Synopsis :

Etienne Meunier (Benoît Magimel) se voit proposer le poste de président dans la société qui l'emploie depuis quelques années déjà. Ayant un bon salaire et étant marié à la fille du patron de la boîte, il a tout d'une vie idyllique. Mais pourtant, celui-ci est pris de remord car le poste qu'il occupe aurait du revenir à un homme auquel il a volé une formule chimique pour un détergent révolutionnaire. Se rendant chez cet homme en compagnie d'un ami d'enfance (François-Xavier Demaison) pour lui proposer un dédommagement, la discussion dégénère jusqu'à l'homicide.

La critique :

Quelle surprise qu'une histoire censée se dérouler en France se voit planter le décor de Bruxelles. Une surprise étonnante mais aussi et surtout intéressante. En effet, le réalisateur a décidé de tourner son film en Belgique et plus particulièrement à Bruxelles (environ 90% des scènes). Une idée qui peut sembler saugrenue au départ mais qui a tout son sens quand on connaît l'histoire de fond. Bruxelles possède toutes les caractéristiques requises pour pimenter l'histoire : un climat nuageux et grisâtre entraînant l'inquiétude, des grattes-ciels en plein centre-ville d'une architecture moderne faisant penser à l'impersonnalité des métropoles américaines de moyenne envergure et enfin, des quartiers où seul le béton est de mise telle une banlieue lugubre des pays de l'ancien bloc de l'Est. Un décor qu'on aurait pu transposer seulement à Paris mais pour un prix beaucoup plus élevé et dans des quartiers déjà filmés dans une kyrielle de film. Un "exotisme" à saluer.

L'histoire quant à elle est moins exceptionnelle même si elle demeure cohérente et intelligente. La production a voulu parler de son film en tant que thriller, ce que nous relativisons légèrement. Il s'agit bien d'un thriller de par le meurtre et l'obsession du personnage à effacer toutes traces de celui-ci mais l'histoire présente avant tout un intérêt psychologique et moral. Effectivement, autour de l'histoire s'articule toute une série de questions. Tout d'abord autour du personnage principal via ses remords envers l'homme qu'il a volé, ses doutes sur sa relation conjugale, ses difficultés à avoir un enfant, son manque de repère vis-à-vis de ses origines modestes et enfin, sa manie de vouloir tout acheter. Ensuite, on a son compère, Patrick Chambon qui se présente comme un enfant capricieux, qui n'a aucune retenue et qui agit impulsivement. Ce personnage est à la fois l'ami, l'ennemi et le complice d'Etienne Meunier. C'est à la fois sa bonne et sa mauvaise conscience.

On peut donc dire pour résumer tout cela que Grégoire Vigneron a habillement manié la caméra pour faire ressortir une trame de fond et une intensité émotionnelle beaucoup plus importante que l'histoire en elle-même. Pour sa première réalisation, après s'être épanoui dans la rédaction de scénarios comme ceux du "Petit Nicolas" ou encore "Molière", on ne peut qu'applaudir le résultat.

Pour incarner les personnages, on a fait appel à des acteurs français connus mais également à des belges. On a, dans le rôle principal, l'excellent Benoît Magimel pour incarner l'homme qui sera la clé de voûte de l'histoire. De par son expérience acquise dans les grandes productions, il apporte la touche dramatique que seul (ou presque) son personnage pouvait apporter. Une prestation excellente et à la hauteur de l'histoire. A côté de lui, on a repris un plus jeune acteur en la personne de François-Xavier Demaison. Le trentenaire et ancien fiscaliste nous étonne et nous épate dans son rôle de grand enfant. Même si quelques expressions sentent encore l'exagération et la clownerie, sa prestation reste professionnelle et en concordance avec son acolyte. Un rôle à sa hauteur après le moins exigeant qu'il a fourni dans "Le petit Nicolas".
Ensuite, il faut parler de Julie Gayet. L'actrice enchaîne les productions ces derniers temps qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Il est à parier qu'elle soit en quête de notoriété et de premiers rôles. Cela pourrait très bien venir de cet opus qui lui offre ce qu'elle aime : un personnage en mal de vivre et en mal de repères. Elle s'y installe de belle manière oubliant même sur sa route sa pudeur. Un rôle rempli de désespoir et à la fois d'empathie.
Enfin, la seconde actrice à partager l'écran est Léa Seydoux. La jeune femme porte un lourd fardeau en ayant des liens de parenté avec les présidents de Pathé et de Gaumont. Et pourtant, on peut penser que c'est plutôt l'inverse. En effet, même si son jeu n'est pas mauvais, il n'est pas bon non plus. Il est bourré d'immaturité (ce qui est souvent le cas à cet âge là) mais surtout il sonne quelques fois faux et nous fait vite penser à une scène mal répétée. A revoir en lui laissant le bénéfice du doute.
En outre, il faut saluer la prestation scénique du belge Stéphane De Groodt, il joue un policier effacé mais lui donne toute la crédibilité dont il a besoin par l'expression faciale qu'il laisse entrevoir.

En résumé, une histoire banale en surface mais complexe en sous-sol donne la possibilité aux acteurs de se surpasser.

Point positif : La profondeur de l'histoire ne laisse pas le spectateur amorphe.

Point négatif : La bande sonore est quelques fois un peu bâclée et ne permet pas au public de rentrer plus aisément dans le suspense.

Note : ***

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